mardi 22 novembre 2011

La reine des Crocs est publiée

Le n°22 d'AOC est disponible !

 Cette publication du club Présences d'Esprits contient les nouvelles lauréates du prix Visions du Futur 2011, dont mon texte "La reine des Crocs", qui a obtenu le premier prix.

C'est avec plaisir que je découvre l'illustration toute en finesse de Marc Pageau, qui a dessiné un Croc très proche de ce que je visualisais. Merci à toi, Marc !


J'ai déjà mis le synopsis plus bas mais je le remets ici :

Anna grandit sur Iraania, la planète-jungle qui accueille les orphelins de la galaxie pour une formation militaire. Les Crocs, fauves bleus sans pitié, se montrent étrangement familiers avec elle. Et quand les instructeurs usent de drogues et se rapprochent à leur tour des jeunes filles, son univers bascule. 


Vous pouvez lire la nouvelle dans le numéro à courir acheter ici !

A l'occasion de cette sortie, on m'a même fait un petit interview qu'on peut lire sur ce blog.

Un commentaire du  numéro à lire ici.






Pour lire l'interview du blog SF :

jeudi 13 octobre 2011

Jeux littéraires

En ce moment, je n'ai guère de temps pour écrire davantage que ces petits jeux, mais au moins ça permet d'entraîner la plume. Avec quelques collègues auteurs SFFF, nous nous lançons ces petits défis de temps à autre. Voici les deux derniers, ça donnera peut-être envie à d'autres de s'y mettre aussi :

Jeu numéro 4 : Piocher aux hasard deux mots dans un dico (ou ici) et en concocter une petite histoire.
(je suis tombé sur "amuser la galerie" et "estriqueur")

Amuser la galerie avec un estriqueur

Il savait bien que les navires derrière lui étaient faux. Il avait connu les vrais, autrefois, qui ne donnaient pas cette impression de légèreté sur l’océan. Oui, l’eau était d’un réalisme à couper le souffle, les couchers de soleil se reflétaient en mille teintes. Mais un vrai navire d’esclaves se déplace d’une manière plus pesante. On aurait du sentir, rien qu’à le voir, la pression qu’il exerçait sur la surface, comme s’il était à tout moment sur le point de passer sous sa ligne de flottaison.
Roberto se retourna vers son labeur. Les volets de la raffinerie de sucre s’ouvraient sur la plantation, où les nègres fauchaient encore et encore le même arpent... Des esclaves qui n’échangeaient pas un mot, qui ne tressaillaient jamais même quand il les haranguait depuis son abri. Eux aussi étaient faux.
Roberto soupira et se mit à estriquer le pain de sucre, tassant l’argile à blanchir dans les deux demi-cercles de bois. Il vissa l’étau pour serrer la forme. Comme un élève devant sa maîtresse, il inclina son oeuvre face à son reflet dans la baie vitrée. Après tout il était là pour ça, pour amuser la galerie. Un jour quelque part derrière le verre épais, ils avaient ouvert une porte ou une fenêtre et la lumière avait filtré. Il avait aperçu des silhouettes filiformes et un fond étoilé qui défilait. Puis de nouveau, son reflet, ses yeux fatigués, ses traits parcheminés par la poussière de sucre.
Ah, ils aimaient les vieux métiers. Voilà des mois qu’ils l’avaient enlevé à sa terre natale pour le coincer dans cet absurde imitation de la Louisiane. Eh bien les voyeurs allaient en avoir pour leur argent. Roberto brisa le pain de sucre et dégagea l’estriqueur. Il passa le cercle de bois autour de son cou et commença à visser.

Jeu numéro 5 : Jeux de mots et non-sens : composer un court texte à partir d'un thème.
(thème choisi : la main)

Quelques fois des touristes stoppaient sur la route du désert pour venir l'observer. Puis ils haussaient les épaules et repartaient. Droit comme un piquet, Billy tendait le bras devant lui, la paume vers le soleil brûlant. C'était plus facile maintenant, avec la crampe qui lui bloquait les muscles. Il se souvenait encore des paroles de Maman Vaudou, quand elle ne le frappait pas avec la chaîne qui fait saigner. "Tu auras toujours la main tendue" disait-elle.
Billy jeta un oeil a ses pieds. Le coeur de mouton qui pourissait sur la chaussée commençait à sentir mauvais. Les mouches zonzonnaient comme à la maison. "Tu auras le coeur sur la main" ricanait Maman Vaudou en tenant son crucifix à l'envers, dans la dernière cabane encore debout de Castleton. Le mouton, ça avait été dur de le tuer à mains nues, il avait fallu lui dévisser la tête pour qu'il se taise. Et maintenant, le coeur était tombé. Billy savait bien que s'il le ramassait, il n'aurait plus la force de se redresser pour respecter les préceptes maternels. Le poil qu'il cultivait dans sa main l'infectait jusqu'au poignet, avec des stries colorées qui partaient comme des veines depuis l'incision où il l'avait planté. Si ça continuait, peut-être aurait-il la main verte. "Tu n'es bon a rien, tu as un poil dans la main ! Simplet ! Simplet !" Billy versa une larme émue. Maman Vaudou lui manquait. Elle avait eu la main heureuse en dénichant le village abandonné aux planches moisies, dans les terres intérieures, loin, loin de Corpus Christi. Elle savait diriger son petit univers d'une main de fer. Et elle avait montré les rituels à Billy. Mais, honte à lui, il avait osé demander la main de Jenny, la fille dans le sous-sol qu'ils avaient creusé, Maman Vaudou et lui. Jenny venait de la ville et elle était jolie, avec ses mains liées au piquet et les petits bruits de souris qu'elle poussait derrière le bâillon. Billy ne se souvenait plus très bien pourquoi il s'était battu avec Maman, mais il avait du avoir la main lourde, parce qu'elle ne bougeait plus. Alors il avait franchi les collines et s'était arrêté sur la grande route, la frontière interdite. Le ciel entier était au-dessus de lui. Peut-être qu'en étant bien tout comme Maman Vaudou disait, alors elle reviendrait des nuages pour lui donner la main.

dimanche 7 août 2011

Tout et n'importe quoi #3


A force de passer d'un univers à l'autre selon mes activités dans le journalisme, j'amasse les clichés divers, et en profite pour débuter en photo. Plutôt que d'alourdir le blog, j'ai mis en ligne une petite galerie de ces essais, que je mettrais à jour de temps en temps.

Ca se passe ici.

vendredi 8 juillet 2011

La reine des Crocs, prix Visions du Futur 2011

  Je viens de décrocher un prix national de science-fiction ! Ma nouvelle "La reine des Crocs" a obtenu le premier prix Visions du Futur 2011.  La distinction a été déclarée aux dernières rencontres de l'imaginaire par le Club Présences d'Esprits. Le texte sera publié dans un prochain numéro d'AOC.
Cela me fait d'autant plus plaisir que le thème choisi sur les trois proposés était pour le moins casse-gueule: "le monde a fait de moi une putain ; je veux faire du monde un bordel".


Anna grandit sur Iraania, la planète-jungle qui accueille les orphelins de la galaxie pour une formation militaire. Les Crocs, fauves bleus sans pitié, se montrent étrangement familiers avec elle. Et quand les instructeurs usent de drogues et se rapprochent à leur tour des jeunes filles, son univers bascule. 


Félicitations aux autres lauréats: le deuxième prix va à Jacques Paionni pour "Cache-cache martien" (thème: cache-cache), le troisième prix à Olivier Caruso pour "La fée" (thème: cache-cache) et accessit à Nicolas Eustache pour "Renoncements sur le chemin de l'infini" (thème: la réalité s'est étendue et ramifiée au cours des dernières années). 

dimanche 3 juillet 2011

Pépinière

Je viens d'apprendre que ma micro-nouvelle "Coupure" a remporté le Pépin de Bronze au Prix Pépin 2011. (Pépin d'or pour Terry Montcalm et Pépin d'argent pour Thomas C.Durand) J'avais déjà obtenu le Bronze avec "Antiquité à vendre" au prix 2009, et six autres de mes pépins sont sélectionnés dans les recueils 2008, 2010 et 2011.
Edit : Je décroche aussi le prix du public pour le concours 2012.
Bref, avec tous ces pépins, je vais finir par pouvoir reconstituer le citron...


Le reste de la sélection 2011 est disponible sur ce site, où l'on peut voter pour le prix du public.

J'en profite donc pour glisser ici quelques uns de mes "Pépins", les primés et d'autres qui n'ont pas été retenus. Rappel des règles: le texte ne doit pas excéder 300 signes espaces compris et doit relever de la science-fiction.


Neolang (Séléction du prix Pépin 2008)
La Neolang fu invenT pour dir + avec - de sign. Tou comensa avec le sms. Pour gagné du ten, l’ortograf fu de - en - enségné a lécol. La litratur cesa de respect lé règl. On inventa dé mo + cour. On evoka l’idé d’1 lang universel et facil. Mai c le pri Pépin ki a vrémen précipité lé choz.

Antiquité à vendre (pépin de Bronze 2009)
Vends pour collectionneur très vieille base de données terrienne 2002-2043: fichiers facebook, dossiers scolaires, enregistrements vidéo-surveillance et satellite. Suivez la vie quotidienne des citoyens de l'époque. Intégration possible dans Les Sims 2500.

Mêê (sélection du prix Pépin 2010)
- Mêêêê, fit le chat électrique avec espoir.
- Désolé, répondit le mouton électrique en secouant la tête. Les androïdes ne rêvent que de nous.

Jeu cosmique
Les trois cratères s'ouvrirent simultanément à la surface de la planète, provoquant tsunamis et séismes démesurés. Les scientifiques du monde entier échouèrent à expliquer le phénomène. Ce n'est que lorsqu'une main géante masqua le soleil que l'on songea au bowling.

Extension (sélection du Prix Pépin 2010)
- C'est dingue, dit l'homme, notre univers est bien plus vaste que nous ne l'imaginions.
  Son colocataire déposa la trappe qu'il avait enfin réussi déverrouiller, à l'intérieur du cube de métal flottant aux confins de l'espace.
- Oui, répondit-il, émerveillé. Nous avons une autre pièce.

Impossible (sélection du Prix Pépin 2010)
Les hommes préhistoriques débarquent du passé grâce à une machine de leur conception. Nos scientifiques humiliés s'empressent de renvoyer les sauvages et de déclarer le voyage dans le temps impossible.

Défaillance (sélection du Prix Pépin 2010)
- Tu iras en taule pour viol ! gémit la jeune femme.
  L'humain de synthèse eut un sourire sadique en remontant sa braguette.
- Non, souffla-t-il. J'irais à l'atelier. Pour défaillance.

Coupure (Pépin de Bronze 2011)
Les êtres difformes rampaient sur le bitume en poussant des plaintes glaçantes, protégeant leurs yeux de l'atroce lumière. Certains se redressaient déjà, écumant, tirant sur leurs cordons. Puis l'électricité fut rétablie, et chacun put se replonger dans son univers virtuel.

Obstination
L'opérateur de la base lunaire continuait inlassablement d'envoyer son rapport journalier à cette masse de débris en fusion qui flottait dans le ciel obscur, et dont l'atmosphère se délitait en soyeuses écharpes de lumière. Cela le rassurait, même s'il n'y avait jamais de réponse.

Sans emploi (sélection du prix Pépin 2011)
Le corps s’effondra dans la végétation. Celui-là avait été difficile à traquer.
- C'était le dernier, fit une voix dans l'oreillette.
Près du chômeur mort, les chasseurs de l'ANPE ajustèrent leurs armes rayonnantes, indécis, et s’entre-regardèrent. Ils n'avaient plus de travail...

Holoworld
Pour les explorateurs venus de l'espace, encore hébétés par leur sortie de stase, la ville hologramme avec ses habitants immateriels était déjà troublante. Mais il fut autrement inquiétant de découvrir qu’un des générateurs d’images projetait leur propre vaisseau.

Procrastination
Nous dormions quatre heures par nuit, mourant d’épuisement le reste du temps dans les usines. Depuis la loi sur le travail héréditaire, nos parents nous avaient confié leur labeur en échange de préretraites. Mais nous, les célibataires, n'avions personne à qui passer la main.

Exposition (sélection du prix Pépin 2012)
Le balayeur du Museum, trouvant si étrange la démarche tentaculaire des visiteurs, finit par sortir de sa zone de nettoyage et aperçut avec effroi l'endroit du panneau : "Technicien de Surface. Terrien. Deuxième millénaire".

Vision (prix Pépin du public 2012)
Osant soulever ses lunettes anxiolytiques, l'instituteur découvrit la véritable nature de sa classe d'élèves en difficulté. La plupart était armés. Ceux qui ne combattaient pas avaient l'air morts. Il remit ses verres et, face aux anges souriants, se plongea dans le manuel de survie.

Mecat
Le chat de mon voisin est un Mecat. Sur le mur du jardin, avec ses gros yeux d'enfant et sa gueule d'acier, il lit les mails à voix haute. C'est indécent. Je hais les mécanimaux, ils me rappellent ma propre condition. Sur, les nerfs, je retourne me cacher avec le reste de la domotique.

lundi 30 mai 2011

Premiers pas journalistiques

Comme toujours, je passe d'un métier à l'autre. En ce moment je découvre une autre façon de travailler de la plume: le journalisme. Pris à l'essai dans un hebdo local, j'apprécie découvrir de l'intérieur les mécanismes d'un journal. Même si, payé à la ligne, ce n'est pas si évident d'écrire suffisamment pour en vivre, l'expérience est riche: pêche à l'info sur les différents médias, départs soudains sur le terrain pour une séance photo ou une conférence de presse, coups de fils improductifs aux administrations et tentatives de compréhension des manoeuvres des élus locaux... Sans oublier les jours de bouclages fiévreux où l'on tente désespérément de remplir les pages manquantes. La vie d'un journaliste d'actus n'est pas de tout repos et je suis heureux de pouvoir la vivre un peu, que cela dure ou non.
  Je profite d'ailleurs de mon entrée dans le journal pour publier, à partir du prochain numéro de La Semaine du Roussillon, une chronique décalée sur l'intérim, intitulée "Les dix commandements de la précarité".
  Premier épisode (commandement n°1) ce Mercredi 1er Mai, puis, si tout va bien, un épisode par semaine.

dimanche 24 avril 2011

Mille et une portes


Ma nouvelle Mille et une portes sort aujourd'hui dans AOC n°20, une publication du club Présences d'Esprits. Elle a été admirablement illustrée par Mira, qui a réussi à représenter le personnage comme je l'imaginais.

  Le numéro est disponible ici pour 3€ seulement.






Dans la gigantesque cité-tour, Julian Baltimore sent bien que tout dérape, comme si une aura malsaine se déversait par une porte qu’on aurait dû laisser fermée. Et ce n’est pas son ami Vic, le peintre désaxé, qui va le contredire...




Edit : Je viens d'apprendre que la nouvelle a été finaliste au prix Zone Franche 2012. Je ne savais même pas qu'elle avait participé, mais ça fait plaisir !

jeudi 31 mars 2011

Ça, c'est fait...

  Envieux de ces illustrateurs qui parviennent peindre l'imaginaire, le désir de m'y mettre me trottait dans la tête depuis un moment. Enthousiaste, je cours acheter le kit acrylique du débutant au supermarché du coin et débouche les tubes avec un grand sourire. Environ quatre secondes plus tard et un t-shirt ruiné, je déchante. Impossible de faire le moindre trait droit, d'obtenir la couleur désirée, de représenter un détail... Je finis par me résigner à l'idée que si, en fait, la peinture, c'est un art. Tiens, je retourne à l'écriture, moi.
  Allez, je poste mes tentatives sur le blog. Je pourrais dire que j'ai essayé.









samedi 12 février 2011

Un joli morceau d'Eternité

  La sortie du fanzine Brins d'Eternité n°28 mérite d'être signalée. Sous sa couverture superbe, ce numéro bien épais compte pas moins de huit nouvelles, dont la remarquable "Troisième Dimension" de Romain Lucazeau qui nous conte avec humour le développement d'une civilisation de bactéries dans un frigo.
 Plus quelques critiques, ainsi que deux essais passionnants qui relancent le débat sur l'évolution de la SF.

  Ca se passe ici.

mercredi 9 février 2011

Batraciens au menu

Profitant d'un peu de temps libre après ma démission de l'Education Nationale (oui, déjà), je mets le pied dans une mare aux nénuphars, alias CoCyclics.
  Le principe du site et de son forum est simple: béta-lisez et soyez béta-lus en échange. Avis aux auteurs SFFF en quête de conseils: entre les sections dédiées aux critiques de nouvelles, d'extraits ou même de romans, et les discussions sur les techniques littéraires, cette communauté est une mine. Evidemment c'est pour ceux qui ne la connaîtraient pas déjà, parce que ça fait un moment que ça fonctionne, et bien.


Et son anneau de blogs permet de découvrir la progression de jeunes auteurs.