samedi 8 avril 2023

Construire sa pergola en bois

Après avoir construit – assemblé serait peut-être plus juste – une pergola en bois en 2021, je transmets quelques étapes pour ceux qui voudraient se lancer sur ce type de modèle.


 Cliquez sur "Plus d'infos" ci-dessous pour voir tout le détail de la construction !


L’idée était de couvrir une terrasse de presque 20 m2 : 3,5m x 5,5m Je ne me retrouvais pas dans l’esthétique des pergolas aluminium ou dans les premiers prix bois à couvrir par du polycarbonate. J’ai donc fais les plans de quelque chose d’assez costaud pour supporter des tuiles en terre cuite et j’ai fait découper les éléments à la taille (sauf les liteaux et les voliges) auprès de l’excellent fournisseur de bois SIPO à St-Féliu d’Avall, où l’on a eu la bonne idée de me conseiller sur plusieurs points qui m’ont évité bien des désagréments.

J’ai opté pour du pin douglas de grosse section, que j’ai protégé par du saturateur teinté. Même si la pergola est adossée, j’ai souhaité des poteaux aussi côté façade, pour plus de solidité et d’esthétique.

Vu l’envolée des cours, le bois et sa découpe, l’huile, les platines et la visserie vous feront facilement un total entre 3000 et 5000 euros. (on pourra cependant trouver des essences de bois moins chères)

Les tuiles en terre cuite sont abordables (de l’ordre de 3 euros la tuile de mémoire), mais si comme moi vous souhaitez un rectangle de tuiles en verre pour laisser passer la lumière en hiver, c’est un autre budget, à près de 30 euros par tuile transparente. Au total, j’ai donc dû rajouter quasiment 1000 euros pour le toit de la pergola, 500 euros pour les tuiles de terre cuite et 500 euros pour un rectangle de 1x2 mètres en verre.

Il est possible de tout faire seul, utilisant des cordes pour le levage etc. Mais ce sera bien plus confortable à deux.

Attention, vous devez faire une déclaration de travaux auprès de votre mairie. Si vous dépassez 20 m2, c’est carrément un permis de construire.



Matériaux nécessaires pour couvrir une terrasse de 3,5 x 5,5 mètres

- 3 poteaux de section 18 cm (ou 6 poteaux si vous en voulez côté façade)

- Un chevron de section 10 cm x 8 cm qui sera vissé en façade

- Un madrier de 22 cm x 10 cm de section qui viendra coiffer les poteaux. C’est la poutre maîtresse.

- 4 jambes de force qui sécuriseront ce madrier (des équerres, en somme).

- 14 bastaings de 14 x 8 cm de section, qui seront les poutres entre le chevron et le madrier.

- Des voliges (planches qui viendront cacher le dessous des tuiles et isoler, c’est facultatif) et des liteaux (tasseaux sur lesquels sont posés les tuiles) viennent par-dessus le tout.

- Tout le métal : vis et tirefonds inox, platines pour les poteaux... (pour ma part le fournisseur de bois m’a aussi vendu la visserie, plus pratique que d’estimer soi-même la quantité nécessaire).

- Les tuiles (les vendeurs de matériaux type Point P calculeront la quantité selon la surface)

- Les solins d’étanchéité contre façade

- Du mastic pour coller les tuiles

 

On commence à réfléchir à base de petits croquis, et on affine les mesures, la pente nécessaire... De mémoire la pente choisie était autour de 25 %, suffisant pour l'écoulement de la pluie.

Outillage recommandé :

- Un escabeau, dans l’idéal complété par un petit échafaudage.

- Une perceuse / visseuse et de longs forets hélicoïdaux à bois, des forets béton, des forets diamant pour le carrelage.

- Un perforateur pour les trous en terrasse et en façade, voire pour les bois très épais.

- Eventuellement une petite disqueuse pour couper les tiges filetées. Sinon une scie à métaux.

- Une scie circulaire ou à défaut une scie sauteuse.

- Une ceinture à outils pour marcher sur le toit les mains libres

- Un pistolet à mastic, un marteau.

- Une clé à cliquet et des douilles pour serrer les tirefonds.

- Un mètre, des crayons, une équerre de menuisier, un réglet, un niveau.

- Une paire de tréteaux solides pour travailler le bois à sa hauteur. Des palettes ou autres chutes pour l'entreposer sans contact avec le sol.

(pour ma part, je fonctionne avec de l'électroportatif Makita, sans fil, afin de mutualiser les mêmes batteries et chargeur pour toutes les machines. Après cinq ans d'utilisation occasionnelle sur divers projets, toujours aussi satisfait de la marque.)

L'arrivée du bois, pour l'essentiel déjà aux dimensions !

Les étapes !

 

1) Préparez votre bois

Savonnez puis rincez le bois pour éviter une trace qui serait figée par le produit de protection que vous passerez ensuite. Ce dernier peut-être une huile de saturation, très chère (pour tout traiter cela grimpe à 400 euros) ou un lasure qu’il faudra renouveler plus souvent. A vous de choisir la teinte qui vous convient !

Vissez ensuite les platines aux pieds de vos poteaux. Il s’agit de pieds métalliques qui évitent que le bois touche le sol et ne prenne l’humidité. On pourra toujours plus tard cacher les platines en les coffrant avec des chutes de bois.

Attention, on est parfois tenté de visser directement dans le bois, mais toujours faire un pré-perçage pour éviter de fêler !

 

Passage du saturateur à l'éponge

Fixation des platines avec les tire-fonds. On pense à pré-percer !

2) Fixez côté façade

L’avantage d’avoir des poteaux côté façade est qu’ils vous serviront à positionner facilement le chevron, sans mesures complexes. De plus cela soulagera le poids sur la façade si vous doutez de sa solidité. Le chevron est donc à la fois scellé dans les parpaings de façade avec des tiges filetées (placées au scellement chimique), et en même temps vissé par le dessus et le côté aux trois poteaux, qui avaient une encoche aux dimensions dans lequel s'insère parfaitement le chevron.

On positionne une première fois les poteaux et le chevron, en équilibre, pour marquer la façade à travers les trous du chevron, qu'on aura percé au préalable. On retire tout et on scelle les tiges filetées en façade, à l'endroit des marques. On fixe ensuite le chevron, puis retour des poteaux !


3) Poteaux et poutres maîtresse

C’est la partie la plus difficile du chantier ! A partir de là on n’a plus le droit de s’arrêter avant d’avoir placé quelques bastaings, car un coup de vent pourrait tout arracher. Prévoyez donc d’avoir du temps devant vous. Positionnez vos poteaux à blanc, en vous faisant aider, pour marquer l’emplacement de perçage. Si vous avez une terrasse carrelée, je recommande d’utiliser une mèche diamant pour percer les carreaux, avec une perceuse normale sans percussion, avant d’attaquer le béton en-dessous au perforateur. Il faut juste mettre de l'eau avec la mèche diamant, sinon ça crame. Les platines sont fixées dans le sol à l’aide de goujons d’ancrage spécifiques.

Il faut ensuite lever la lourde poutre pour l’amener sur les poteaux. Seul, on peut la lever d’abord d’un côté, la sécuriser avec une sangle puis lever l’autre côté, mais c’est mieux à deux ! On visse la poutre aux poteaux. On placera enfin les jambes de force, ces segments en biais. Ouf ! Le plus dur est fait.

On serre les dents...

4) Bastaings !

C’est désormais plus simple. On place les 14 bastaings entre la façade et la poutre, en les vissant les uns après les autres directement à travers le bois.

Pour avoir un espacement régulier, ce n’est pas une simple division. Il existe des formules mathématiques ou même des programmes sur internet (cherchez du côté de l'espacement des balustres de garde-corps, c'est le même principe), on peut aussi y aller par tâtonnement en dessinant le modèle sur papier... Un peu casse-tête !

Voilà, la structure est terminée ! On couvre ensuite, si on veut un aspect plafond et ne pas voir les tuiles par dessous, avec des planches, les fameuses « voliges », que je coupe aux dimensions à la scie circulaire. En laissant un espace vide au milieu pour les futures tuiles de verres. Par dessus les planches, les liteaux qui supporteront les tuiles. Le tout fixé avec des vis.

 

C'est plus simple à deux !

Une cale permettra de conserver l'espacement.

Travail de haute volige !

5) Tuilage

Pour poser les tuiles, le mieux est de visionner les nombreux tutos sur Youtube, qui précisent les méthodes de calcul pour éviter d’avoir à les recouper etc. Avec des tuiles mécaniques, on part en général du bas et on remonte. Ne négligez pas de tracer régulièrement des lignes de repère, les fameuses « ournes » ! Persuadé de pouvoir juger à l'œil, je ne l’ai pas fait et je me retrouve avec des rangées de tuiles qui ne sont pas droites. Ca reste étanche mais ce n’est pas très beau, et arrivé à la fin j’ai du me fabriquer une rive en bandes d’étanchéité car ce n’était plus assez droit pour les tuiles de rive... 

Les tuiles mécaniques s’emboîtent et on recommande soit d’en coller une partie (a minima celles sur les bords), soit de les visser ou clouer, car elles ont un pré-perçage à cet effet. Pour ma part j’ai fait les deux et quasiment sur toutes, mais c’était une erreur, cela les rend inamovibles. Si je dois faire une réparation ou un changement je serai obligé d’en casser plusieurs. On fait l’étanchéité avec la façade en posant un solin, fixé sur la façade avec des chevilles à frapper et une bande de mastic.

Arrivée des tuiles. Il va falloir les monter... Essayez de vous convaincre que c'est une séance de muscu.

Test à blanc de l'espacement des tuiles et des liteaux avant de jouer en réel !

Installation des liteaux, là encore avec des cales pour l'espacement, histoire de ne pas mesurer systématiquement. (Je n'ai pas teinté l'envers des voliges, qui sera caché, pour économiser du saturateur)

Pose des tuiles, un modèle mécanique classique de marque Terreal, la DCL (Double Canal Languedoc)

On arrive sur la fin !

Pose du solin pour l'étanchéité.

6) Finitions

Pour fermer le rectangle de verre en été et l’ouvrir en hiver, j’ai réalisé un volet coulissant en dessous. Il s’agit de deux planches de contreplaqué marine, renforcés par des tasseaux pour qu’ils ne se déforment pas avec le temps, et avec un isolant aluminium côté caché. Les rails sont faits avec des liteaux qui me restaient. J’ai ajouté des poignées de porte de grange, que je peux attraper avec un crochet de gaffe au bout d’un balai. De l’unique projecteur d'origine en façade, j’ai posé un boitier de dérivation et tiré des câbles pour le changer par une série de lanternes. Les câbles sont cachés dans un coffrage en bois fait avec des chutes de voliges. Enfin, comme on ne trouve pas de stores enrouleurs latéraux adaptés à un toit pentu, j’ai juste tiré un câble d’acier qui m’a servi de tringle avant de découper une toile à œillets pour m’en faire un rideau.

L'idée du volet m'est venue après la construction. Ici avant les poignées.

L'embout de gaffe d'amarrage sur un balai, parfait pour ouvrir et fermer le volet trop haut.


Les petites lanternes et les coffres de bois qui cachent les câbles

Une tringle en câble d'acier...

... pour un rideau artisanal.

Deux ans plus tard, rien n'a bougé, et pas une goutte ne filtre. Ouf !


Vous pouvez constater ici que j'ai caché les platines au pied des poteaux avec de petits coffrages faits de chutes de voliges, qui donne l'illusion d'un poteau continu. Il y a juste un léger filet d'air pour ne pas garder l'humidité ou limiter une éventuelle remontée d'insectes.

A vous de jouer !


Aucun commentaire: