Du 4 au 6 novembre, j’étais à Brive-la-Gaillarde pour la
foire du livre, le ou l’un des plus grands salons littéraires de France. (certains me disent que Paris est premier, d'autre que Brive est passé devant l'année dernière, je ne sais pas trop)
J’y ai présenté mon roman Vous avez une mission, qui vient
de paraître aux éditions Sol y Lune et traite avec humour du quotidien de l’intérim.
Mais je ferai un post dédié au livre un peu plus tard, quand il sera
commandable partout. (encore quelques jours avant qu'il soit sur les bases des libraires etc)
Du vide au saturé
Brive, avant tout, c’est une aventure. Vous arrivez avant l’heure
dans une halle uniquement habitée par les livres et quelques libraires qui
peaufinent les stands. Un silence feutré règne. Les seuls noms des maisons d’éditions
et des auteurs impressionne déjà le petit pèlerin que je suis qui se demande
encore comment il s’est retrouvé là.
Et puis je trouve ma place, dans le milieu du salon, avec ma
photo et mon nom. L’ouverture est enfin sonnée, le bal commence. Benoît Rouault,
l’illustrateur talentueux du livre, me rejoint, armé de ses pinceaux. Esther Mérino, l’éditrice - qui a décroché une place à Brive à un auteur inconnu comme moi - arrange les piles de livres une dernière fois. Les libraires de Cultura, qui
gèrent notre stock, prennent une grande inspiration. En trois jours, ce sont
plus de 100 000 visiteurs qui passent les portes de la foire.
Têtes connues
Le samedi, il y a plus d’une heure d’attente dans le froid
pour franchir le service de sécurité. Quasiment autant pour aller aux
toilettes. D’ailleurs les dames vont dans les toilettes des hommes. Si beaucoup
détournent le regard, quelques mamies profitent du spectacle en gloussant. Quant
à la cafétaria, elle n’est pas humainement atteignable.
Les allées sont bondées, le brouhaha omniprésent. Des files
d’attentes se forment à l’intérieur de files d’attente, pour atteindre Leïla
Slimani, le dernier prix Goncourt, ou Alain Juppé. Je distingue le chapeau d’Amélie
Nothomb derrière ses fans, le crâne de Bernard Werber, le gilet rouge de
Frédéric Mittérand. On me demande où est Kerviel. Je pointe une vague
direction.
L'éditrice Esther Merino, l'illustrateur Benoît Rouault et bibi. |
Premières ventes
D’abord, les regards glissent sur notre stand comme un pet
sur une toile cirée. (ça fait longtemps que je cherchais à placer cette
expression). Les gens ne stoppent pas. Et puis enfin, on commence à manipuler
mon bouquin. D’abord je laisse faire et reposer. Esther m’explique qu’il ne
faut pas laisser lire la 4e de couverture. Dès que le bouquin est
retourné, il faut engager la conversation.
- C’est un livre sur les petits boulots, dis-je.
Et ça marche. Les gens sourient, demandent des précisions.
Souvent, ils ont connu eux-même des petits boulots. Je commence à vendre. J’essaie
de trouver un petit mot différent à écrire pour chaque personne. Benoît,
méticuleux, propose un dessin dans chaque livre.
Pour chaque vente, je me retourne et les libraires posent
une gommette sur le prix avant d’encaisser. Et je peux vous dire que les miss
gommettes sont fort sympathiques.
L'équipe en délire |
Post-it
Dès lors que nous sommes un peu détendus, j’ai envie d’aller
plus loin. Comme chaque chapitre de « Vous avez une mission » se
termine par un post-it, je cours acheter un bloc et, avec Benoît, nous décorons
le stand et nos photos. Il a d’ailleurs les meilleures idées. « Alain Juppé n’est pas
sur ce stand », « Auteur qui n’a pas eu le prix Goncourt » etc.
Les visiteurs s’amusent. Feuillètent le bouquin. Rigolent. Nous
vendons de plus en plus. Benoît n’arrête plus de dessiner. France 3 repère les
post-it et vient poser des questions, ce qui attire encore davantage de monde.
Au final près de soixante « Vous avez une mission »
seront dédicacés.
Post-it mania |
Rencontres
Un salon c’est aussi l’occasion de rencontrer des personnes
étranges. Cet homme dont un œil est injecté de sang et l’haleine presque
solide, qui apprend que je viens de Perpignan et me pose des questions
curieuses pendant que j’essaie en vain de raconter mon livre à deux agréables
jeunes femmes.
- Moi aussi j’ai vécu à Perpignan. Vous allez vous baigner
où ?
- Euh, à Sainte-Marie, parfois.
- Ah. Je connais. Et où encore ? Moi vous savez, je
vivais dans le quartier Saint-Assiscle. Mais il y avait des musulmans. J’aime
pas les musulmans.
- Euh...
- Et, et, et... vous vous baignez où ?
Le même personnage me retrouve dans la file pour les
toilettes. Je renonce à mon envie pressante pour lui échapper.
Un peu plus tard quelqu’un d’assez confus me parle de ses
amis comme si je les connaissais aussi. Puis de bibliothécaires auprès de qui
il essaierait de placer des livres.
- Vous savez, dit-il avec l'air de me révéler un complot, les bibliothécaires sont des
sodomites.
Oh non. Un autre fou.
- Je nage très bien, enchaîne-t-il sans transition. J’ai un
beau corps pour la natation. Enfin avant. Mais je nage encore maintenant.
Mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec le bain ?
Heureusement, les rencontres peuvent également être sympathiques.
Mon voisin de dédicace, Emmanuel Blancafort, qui signe tout en buvant du rouge,
a vécu dans les bois et présente ses chroniques de la glooyourte, un mélange
entre un igloo et une yourte. Il illustre ses livres et a un magnifique coup de
crayon. Une jeune fille au sourire lumineux me prend un livre parce qu’elle est
aussi intérimaire et se reconnaît dans les passages feuilletés. Le commissaire
général de la foire vient me voir à la fin pour me remercier de m’être investi.
Ça fait chaud au cœur. Je me fait dédicacer un livre par Jean-Louis Etienne, parce qu'un mec qui part en expédition dans le froid, je trouve toujours ça assez dingue. Un autre par un Coréen qui m'écrit quelque chose de gentil en coréen mais j'ai oublié quoi. Je reprend la route dans la nuit, épuisé, la tête pleine
d’images. Brive, c’était bien.
Emmanuel et sa glooyourte |
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