mercredi 8 avril 2015

Techniques d'écriture

Il n'y a sans doute pas de recette miracle, mais plus on écrit plus on s'efforce de s'imposer des automatismes, piochés dans les interviews d'auteurs, les directions littéraires ou les conseils d'écriture sur internet.
Voici quelques idées que j'essaie d'appliquer quand j'y pense :

- Les personnages se projettent. J'avais tendance à me concentrer dans mes premières nouvelles sur l'action du moment présent. Mais dans la vraie vie, on ne descend pas un chemin sans imaginer le retour pénible en sens inverse. On se projette également dans le passé : qu'aurais-je fait à cette époque ? Et si j'avais fait d'autres choix ? Bref, j'essaie de placer de temps à autre des phrases qui montrent que les personnages se voient sur une ligne de temps.

- Limiter les adverbes en "ment", c'est un conseil qu'on retrouve un peu partout, mais qui n'en est pas moins essentiel. Préférer "avec passion" que "passionnément".

- Essayer de placer au moins une comparaison par paragraphe descriptif. L'analogie image le récit. "Comme" et "comme si" peuvent être répétés un grand nombre de fois dans un texte sans être lassants. Se faufiler comme un voleur sera toujours plus fort que se faufiler discrètement.

- S'efforcer de terminer tous les chapitres par une situation de suspense (un cliffhanger), même si c'est un peu artificiel car le récit ne s'y prête pas toujours. Mais c'est le secret du page turner, paraît-il. (merci Cyril Massarotto)

- Ne pas abuser des verbes de paroles (pinailla-t-elle, balbutia-t-il etc). Comme le montre Le Seigneur des Anneaux, on peut utiliser à profusion le verbe "dire", et le contexte suffit à imaginer le ton.

- Depuis peu (merci Philippe Ward) je fais une recherche durant la correction pour repérer les indéfinis. Autant que possible je remplace les "quelques" par une valeur précise et les "on" par un autre sujet.

- Eviter les formulations inutiles de type "commencer à" "se mettre à" et "en train de". Elle n'est pas en train de chanter, elle chante.

- Eviter la caméra qui flotte sans raison, par exemple cette habitude de décrire un visage ou un paysage en travelling, à coup de "à droite de", "surmonté par", "au-dessus de". Préférer une formule qui précise le point de vue. "Il aurait fallu grimper sur le toit pour apercevoir..."  "Pour les corbeaux qui tournoyaient, ce ne devait être qu'un amas de tôles..." "Un observateur discret n'en verrait que..."

Voilà ce qui me vient à l'esprit, il y a bien sûr beaucoup d'autres réflexes d'écriture plus ou moins conscients. Pour les conseils divers, je ne saurais que trop recommander l'ouvrage de Stephen King "Mémoires d'un métier", mais encore le site "Espaces Comprises", ou l'article "Comment ne pas écrire des histoires" chez Solaris, et pour les anglophones l'excellent "Turkey City Lexicon".

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