dimanche 17 juin 2012
Un an de journalisme
Un an et même un peu plus, puisque les sujets de saison font leurs retours. De l'élection de la miss locale aux dossiers estivaux pour les touristes, ce sentiment de déjà-vu me permet de réaliser que treize mois se sont écoulés. Il semble que le journaliste d'hebdomadaire évolue sur un cercle. Un an donc, où je me suis lancé dans le métier par opportunité et nécessité alimentaire plus que par conviction. Une année riche pourtant, moi qui croyait avoir tout vu en ayant enchaîné déjà tant de petits boulots et missions intérim. Les portes qui s'ouvrent, c'est toujours grisant. Le sport gratuit et vu du bord du terrain, les interviews de gens "vus à la télé", les quelques scandales déterrés, les rares retours positifs et ces instants parfaits où l'on est au bon endroit, au bon moment, et l'on sait qu'on aura la photo que les autres n'auront pas. Et au-dessus de tout ça, ces reportages qui vous font traverser des univers avec le sentiment de franchir une porte dimensionnelle. Passer des jours avec la police scientifique sur le terrain, avec les militaires lors de l'entraînement commando, suivre un long procès d'assises, le tournage d'une émission télé, vivre un incendie avec les pompiers, ou escalader des monuments, des usines, des chantiers et tout ce que vous voulez juste parce que vous avez une carte de presse. Apprendre chaque jour des dizaines de choses nouvelles, mais sans recul, parce que pas le temps. Parler du boulot avec les collègues en salle de rédac, croiser les confrères des autres médias. Jouir de glisser des jeux de mots ou des petites phrases à double sens dans ses textes. Je ne me suis jamais enrichi autant que cette année, et j'ai accumulé matière à histoires pour un bout de temps. Mais un an pénible aussi. Pénible parce que la presse papier va notoirement mal, ce qui implique salaire minimum et statut fragile. Parce que "effectif réduit" signifie faire davantage que prévu. En clair, au-delà d'une quarantaine d'heures au bureau, ne pas hésiter à travailler le soir ou les week-ends parce qu'il faut rédiger, couvrir un évènement ou retoucher les photos. Bye bye la vie privée. Gérer le stress du chemin de fer à remplir dans l'urgence, et trouver des idées, parce qu'avoir carte blanche a son revers : il faut inventer ses sujets, plusieurs par semaine, chaque semaine, sans cesse. Savoir jouer le standardiste ou le webmaster. Perdre du temps aux conférences de presse langue-de-bois, surtout quand il n'y a pas de petits fours. Pas le temps d'écrire pour soi, tandis que les projets SF s'empilent. Tout ça non pour me plaindre, puisque j'ai choisi ce travail, mais pour confirmer, si besoin était, qu'il n'y a pas que de bons côtés à être journaliste. Et un jour ou l'autre, il faudra bien réinvestir la matière accumulée.
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