
Voici mon commentaire coutumier sur le dernier
Aventures Oniriques et Compagnie. Ce
38e
numéro est consacré aux nouvelles lauréates du concours
Visions du Futur 2015.
Des illustrations intérieures de Fols, Farah Douibi, Goji,
Mira et Hélène le Dauphin, toutes très réussies. J’ai un faible pour celle de
Mira.
Une couverture de Sand Kerion dont je suis absolument fan,
elle fait partie de mes couvs AOC préférées.
Les nouvelles :
Le fil, de K.T. (accessit) : une nouvelle très
poétique avec une scène unique : la traversée d’un équilibriste.
L’écriture est agréable et le récit onirique. C’est rafraichissant, même si
très léger au niveau du scénario.
Naya, de Pauline Ceaucescu (3e prix ex aequo) :
l’histoire d’un couple de démons sur une planète qui accueille des humains
comme on accueillerait des migrants. J’ai adoré ces personnages qui sortent des
sentiers battus et des archétypes SF habituels. Et ce texte pose une véritable
intrigue. Un très bon moment de lecture, et sans doute mon récit préféré du
numéro.
Le rouge est mis, de Christophe Kauffman (3e
prix ex aqueo): une histoire très glauque évoquant le point de vue d’une petite
fille abusée qui se découvre un lien avec l’occulte. L’ambiance sombre et
vaporeuse est particulièrement réussie, quoique j’ai trouvé le malsain un peu
gratuit par moments. Comme s’il manquait un axe supplémentaire à l’histoire.
Fiorentina, de Yohan Vasse (2e prix) : Une
jeune femme est enlevée à son amant et disparaît dans une Florence parallèle,
celle des morts et des démons. Son compagnon y plongera pour l’en extraire.
Yohan Vasse décrit un enfer baroque et sanglant, avec ses nobles décadents ou
ses bouchers qui dévorent les condamnés. La plume de Vasse, dont j’ai pu
apprécier d’autres textes, est toujours très subtile. Néanmoins j’ai eu du mal
à accrocher à certains passages, sans doute en raison de ma méconnaissance de
l’histoire italienne et des lieux cités.
Pavillon noir, de Dean Venetza (1er prix) :
nous sommes dans un post-apo uchronique, en Italie, à l’intérieur d’un train
chargé de fuyards et à travers un paysage ravagé. Mussolini n’a jamais pris le
pouvoir, les Russes écrasent le monde, les Français traqués par la dictature
s’expatrient et l’on craint les anarchistes. Ne serait-ce que pour ces idées,
cette nouvelle est particulièrement intéressante. L’auteur, par le regard d’une
jeune Russe en fuite, nous décrit avec justesse les autres passagers du train et leurs
bassesses. Néanmoins, le texte laisse comme un goût d’inachevé, et se termine comme
une introduction, alors que l’on a tout juste entrevu le contexte. L'idée mériterait peut-être une novella ou un roman.